Des remblais illégaux le long de l’Ehn

Une découverte lors d’une randonnée.

Fin 2007, lors d’une randonnée, des membres du comité d’Arppege découvraient la présence d’importants remblais le long de l’Ehn en amont de Klingenthal, sur la rive droite de la rivière, entre la maison forestière Vorbruck et le Hundsbrunnen, en bordure immédiate de la rivière, le long du chemin forestier parallèle à la rivière et à la RD 214.

Des remblais sur plusieurs mètres de haut. (photo Arppege)

Ces remblais, dont les matériaux indiquaient clairement qu’ils provenaient d’un autre secteur, s’étendaient sur une longueur de l’ordre de 150 mètres sur environ 50 mètres de large et sur une hauteur approximative de 5 mètres : une masse extrêmement importante de terre et gravats avait été déposée là. Le caractère exogène des matériaux et leur nature semblaient indiquer qu’ils provenaient du secteur du Mont National à Obernai.

Les remblais ont été déposés environ 3 km en amont de Klingenthal. (carte IGN)

Arppege s’empare du dossier

Arppege, appuyée par Alsace Nature, a alors entrepris un certain nombre de démarches auprès de la mairie d’Ottrott, de la division de Schirmeck de l’Office National des Forêts, de la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt, du Syndicat Forestier d’Obernai Bernardswiller et de la ville d’Obernai, et la presse est contactée dans la foulée par l’association.

Précisons que le PLU applicable à la zone Na concernée interdisait « les dépôts de toute nature, les déchets sans rapport avec le caractère de la zone » ainsi que les « affouillements et exhaussements non liés aux occupations et utilisations du sol admises »,  ce qui n’était bien entendu pas le cas dans cette affaire.

Suite logique, la presse locale s’emparait aussitôt du sujet en titrant « 30 000 tonnes de terre au bord de l’Ehn ».
Les réactions s’enchaînèrent alors : échanges de courriers, pourparlers, pression d’Arppege et d’Alsace Nature sur le Syndicat Forestier et la commune d’Obernai. Des négociations qui auront duré quatre années et au cours desquelles le Préfet aura signé un arrêté de régularisation (à la grande stupéfaction des défenseurs de l’environnement !) pour aboutir à une solution au litige.

Des milliers de mètres cubes de matériaux exogènes ont été déversés le long de l’Ehn. (photo Arppege)

Un compromis, victoire en demi-teinte pour Arppege

Au final, les gravats et terres ne seront pas totalement enlevés, mais un arrêté préfectoral obligera à réaménager le site par un retrait du remblai de six mètres par rapport à la rivière et une pente limitée à 30 degrés ainsi que par la revégétalisation de la zone concernée.

A titre de compensation, en condition de l’abandon des poursuites par les associations de protection de la nature, le Syndicat Forestier d’Obernai-Bernardswiller, la Ville d’Obernai et la Commune d’Ottrott confiaient au Conservatoire des Sites Alsaciens la gestion d’une partie du vallon de l’Ehnthal sur environ quatre hectares (le lieu même des remblais) et le site de la Soutte près de la Rothlach sur une surface d’ordre de 20 ha. Cette gestion a été formalisée au travers d’un bail emphytéotique de trente-six ans, signé en 2011, mettant alors un terme au litige et garantissant la protection de la biodiversité de la clairière de la Soutte qui n’avait jusqu’alors jamais fait l’objet de mesures de protection.

Alsace Nature se félicite de l’implication des élus locaux dans le dossier.

Jean Friess, alors Président d’Alsace Nature Bas-Rhin déclarait : « j’aurais préféré qu’il n’y ait pas de remblais, mais on a eu affaire à des personnes très ouvertes à la ville d’Obernai et au Syndicat Forestier d’Obernai-Bernardswiller. Elles étaient franches et ont joué la transparence. J’ai été très agréablement surpris. »